Aïkijūjutsu
L’aïkijūjutsu est un art martial d’origine japonaise dont certains historiens japonisants font remonter l’origine au Xème siècle après J.-C. La quiddité même de l’aïkijūjutsu se concentre en son nom puisque « Ai » signifie harmonie, rencontre, « Ki » désigne l’énergie vitale qui nous anime, « Ju » la souplesse et « Jutsu » l’art.
Cet art s’est transmis de génération en génération parmi la noblesse japonaise. De surcroît, sa codification n’a eu de cesse de se perfectionner au cours des âges. L’aïkijūjutsu fut intimement lié au puissant clan Takeda, descendant du clan Minamoto et de l’Empereur Seiwa. L’une des figures importantes du clan fut Shingen Takeda (1521-1573), brillant stratège militaire qui, lors du siège de son château par le clan Tokugawa, fut tué par la balle d’un tireur embusqué. La mise sous silence de la mort du « polémarque » par son fils et ses vassaux, afin de préserver la « maison » Takeda, inspira au célèbre réalisateur Akira Kurosawa la trame du film Kagemusha (1980).
En notre école, nous suivons l’enseignement du Daitō-Ryū aïkijūjutsu qui remonte à 武田 惣角/Takeda Sōkaku Sensei (1859-1943) qui appartenait à la dernière génération de samouraï traditionnels issus du clan Takeda. L’un de ses élèves ne fut autre que 望月 稔/Minoru Mochizuki Sensei (1907-2003) (10ème dan Meijin Daïto-Ryū aïkijūjutsu, 9ème dan jūjutsu, 8ème dan Judo Kokusaï, 8ème dan Tenshinn Shōden Katori Shintō Ryū, 7ème dan Judo Kodokan, 7ème dan Shindo Muso Ryū, 5ème dan karaté, 5ème dan Jodo, 5ème dan Kendo Zen Nihonkendo Renmeï). Ayant bénéficié, de prime abord, de l’enseignement de Jigorō Kanō Sensei (1860-1938), fondateur du judo, puis, par la suite, de celui de Morihei Ueshiba Sensei (1883-1969), fondateur de l’aïkido, et de Takeda Sōkaku pour l’aïkijūjutsu, Minoru Mochizuki Sensei, fort de ses éclectiques apprentissages et cherchant à réunir sous un même toit, tout en conservant leurs caractéristiques propres, les arts martiaux traditionnels, il créa, au début des années 1930, le Yoseikan dojo, à Shizuoka. En basant son enseignement d’une part, tant sur la tradition que le syncrétisme et, d’autre part, tant sur l’efficacité des actions que celui de la patience dans l’apprentissage.
Minoru Mochizuki Sensei, comme nous l’écrivions plus haut, fut le maître de Luigi Carniel Sensei (7ème dan Daïto-Ryū aïkijūjutsu, 6ème dan karaté Wadō-Ryū, 5ème dan Tenshinn Shōden Katori Shintō Ryū, 2ème dan Batto-do Kotoken-Ryū), considéré en Suisse comme le maître-forgeron du Daitō-Ryū aïkijūjutsu. Dans la continuité de l’enseignement de ce dernier, Raphaël Geiser Sensei avec son style propre qui s’apparente à celui de l’eau, transmet depuis 2014 sa passion et son savoir aux élèves de son dojo.
L’aïkijūjutsu visant à établir un riche panel de connaissances, il se caractérise par des projections, des dégagements, des balayages, des percussions, des techniques en contre, des clefs, des étranglements, de la luxation contre des armes, etc. L’initiation à l’aïkijūjutsu va de pair avec l’apprentissage des Tai sabaki qui sont de l’ordre des déplacements.
Si l’élève suit avec abnégation le Daitō-Ryū aïkijūjutsu, la pratique lui permettra de polir son esprit et de rendre ses mains plus affutées et dangereuses qu’un katana.